Le plaisir de la sculpture est, déjà, pour moi, celui de la taille. Il s’agit d’un travail physique, une confrontation à la matière et à sa résistance. J’aime le concret de la pierre, du bois, de la terre.
Le plus souvent, je n’ai pas d’idée précise de ce que sera la sculpture. Pour la pierre, il s’agit de me laisser guider, à travers ce qu’elle m’indique : sa forme d’origine, ses lignes de fracture, ses veinages. Ce principe est à la fois une contrainte et une orientation.
Ensuite, mon travail m’amène à des formes autour du corps et de ses mouvements. On peut y reconnaitre un animal, une apparence humaine. Parfois, les formes figuratives deviennent plus abstraites, en volumes, masses et tensions.
J’ai été initié à la sculpture par Marie Bonnefond, au départ à travers le modelage puis dans la taille directe sur la pierre et le bois. Grâce à son attention à ce qui pouvait m’être singulier, j’ai pu me laisser aller et cheminer dans ma démarche.
J’ai ensuite pratiqué la sculpture seul, dans mon atelier, en explorant différents types de pierres. D’une part des pierres fréquemment utilisées: stéatite, calcaire, albâtre, marbres. Et d’autre part des pierres semi-précieuses, peu ou pas utilisées en sculpture: amazonite, calcite orange, jaspe rouge, lapis-lazuli,…
Plus récemment j’ai aussi découvert le travail de la terre et de la céramique auprès de Yoshimi Futamura et d'Anne-Soline Barbaux.
Mes influences sont principalement les arts premiers et les sculpteurs qui s’en sont inspirés, comme Brancusi, Arp, Moore ou Noguchi.
Les plantes et les animaux ont également une place importante dans mon univers. Miyazaki fait aussi partie de mes références, un monde animiste, celui de l’enfance, avec des figures d’esprits bienveillants et parfois inquiétants.
Je travaille ces dernières années sur des assemblages qui vont dans le sens de la constitution d’une famille, d’une arborescence, à la façon d’un « marabout-bout de ficelle ».
Depuis longtemps, l’idée d’une connexion des sculptures entre elles me travaille. En 2009, à partir d’Idole, que l’on peut voir comme un cœur, j’ai essayé de faire des sculptures pouvant être vues comme des parties du corps se connectant (trachée, cœur, poumons …) mais qui pouvaient aussi exister indépendamment. Idole a ensuite été le point de départ d’une famille, au sens plus littéral, se raccordant à l’Homme fier et à Nana.
Ce travail part de formes rondes, souples, avec des pans coupés qui
articulent les sculptures entre elles.
C’est dans cette démarche et aussi dans la question du traitement du socle comme partie intégrante de la sculpture, que m’est venue l’idée d’une articulation bois-pierre. Le rapport de ces matériaux entre eux a permis un emboîtement, à la façon du système de tenon - mortaise. C’est par ce travail en cours que je suis revenu durant ces mois écoulés à la taille du bois, en parallèle à celui de la pierre.